29 avril 2016

« Qu’avez-vous donc mis dans votre valise ? »

En collaboration avec Babel 44, association qui enseigne le français à des collégiens étrangers, Fragil s’est intéressé aux parcours de migration des habitants du quartier des Dervallières. Le projet « Entre les lignes » réunit les récits de trois personnages hauts en couleur venus témoigner de leur voyage à d’apprenties journalistes venues d’ailleurs.

« Qu’avez-vous donc mis dans votre valise ? »

29 Avr 2016

En collaboration avec Babel 44, association qui enseigne le français à des collégiens étrangers, Fragil s’est intéressé aux parcours de migration des habitants du quartier des Dervallières. Le projet « Entre les lignes » réunit les récits de trois personnages hauts en couleur venus témoigner de leur voyage à d’apprenties journalistes venues d’ailleurs.

En mettant en relation des jeunes étrangers scolarisés en France depuis peu et des migrants installés en France depuis parfois des décennies, Babel 44 et Fragil ont concrétisé « Entre les lignes », projet visant à retracer le parcours de migration des habitants du quartier des Dervallières à travers images, sons, souvenirs et anecdotes. Une action d’éducation aux médias qui permet une initiation aux techniques journalistiques et aux outils numériques, comme un questionnement sur la double-culture. Un concept résumé dans plusieurs « valises interactives » dans lesquelles se cachent tout un monde d’expériences. A vous de cliquer…

Entre les lignes

Une action d'éducation aux médias qui permet une initiation aux techniques journalistiques et aux outils numériques, comme un questionnement sur la double-culture

Le marathon de Théophile

Venu témoigner sur son parcours de migration,Théophile a raconté son départ de sa Côte d’Ivoire natale jusqu’à Paris, puis son installation à Nantes. Parti à 31 ans d’Abidjan, il raconte son voyage à la jeune apprentie journaliste, Patricia, 13 ans, elle-même venue du Cameroun il y a un an. Récit d’un marathon.

Le voyage d’Hayette

Hayette a rejoint son mari, résidant en France, il y a de cela 11 ans. En 2005, elle quitte définitivement Bizerte, sa ville du nord-est tunisien, pour Nantes, qu’elle n’a plus quittée depuis. Ebru, jeune Turque de 15 ans originaire d’Izmir, a recueilli pour Fragil et Babel 44 l’histoire d’un voyage par amour.

Les aventures de Joseph

Natif d’Abidjan, Joseph a souhaité rejoindre la métropole, des rêves pleins la tête. Entre récit et humour, cet Ivoirien narre au micro de Patricia son parcours.

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Textes : Fatma Ben Hamad, Marie Fèvre et Sandrine Lesage

Dessins : Fatma Ben Hamad

Photos : Sandrine Lesage et Manon Margérard

Le projet « Entre les lignes » est appelé à se poursuivre pour valoriser les cultures en collectant des histoires sensibles et singulières. Remerciements à Babel 44, aux participants (Patricia, Esra et Ebru), aux témoins (Théophile, Hayette et Joseph) ainsi qu’aux partenaires du projet (Dclic et la CSF).

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Comprendre le fonctionnement des moteurs de recherche

Fête suspendue au dessus d'un gouffre

Dessinatrice et journaliste tunisienne, Fatma se définirait comme "bédéiste-reporter", en constante recherche de formats novateurs pour rendre compte du sérieux de la politique comme de la frivolité d'une fête de village, du mouvement social engagé comme du festival de Cannes glamour. A travers ses travaux, elle entreprend de transmettre un regard à la fois analytique et décalé sur les sociétés occidentales et méditerranéennes.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017