24 février 2017

Pumpkin et Vin’S da Cuero prennent de la hauteur

Le duo hip-hop franchit une nouvelle étape dans son parcours artistique avec désormais Nantes comme base arrière. Conquis, on vous donne les principales raisons de foncer les voir sur scène le 1er mars au festival HIP OPsession ou le 9 mars à la Barkason de Rezé !

Pumpkin et Vin’S da Cuero prennent de la hauteur

24 Fév 2017

Le duo hip-hop franchit une nouvelle étape dans son parcours artistique avec désormais Nantes comme base arrière. Conquis, on vous donne les principales raisons de foncer les voir sur scène le 1er mars au festival HIP OPsession ou le 9 mars à la Barkason de Rezé !

On s’est retrouvés au lieu unique à Nantes. Café serré pour elle, frappé pour lui. Deux heures d’échanges à bâtons rompus avec Pumpkin et Vin’S da Cuero. Nantes, le rapport amoureux, les violences faites aux femmes, le rap français, l’éducation, les médias… On aurait pu emprunter 1000 chemins pour vous parler de ce duo/couple (rappeuse/beatmaker) en concert à Nantes le 1er mars et à Rezé le 9 mars. On a préféré aller à l’essentiel, comme eux, en vous synthétisant cinq raisons de foncer les voir sur scène.

 1- Parce que le boom-bap de Vin’S est bon pour les cervicales

Leur précédent album, Peinture Fraîche, flirtait avec l’electro notamment avec le titre Fifty fifty (feat. 20SYL). Avec leur nouvel EP Chimiq, sorti fin 2016, Pumpkin et Vin’S da Cuero se recentrent sur leur marque de fabrique : le boom-bap. « J’ai eu un gros blocage après Peinture fraîche », confie le beatmaker. « J’étais arrivé au bout de ce que je voulais faire depuis des années : un mélange de sonorités et d’arrangements plus electro avec des influences comme celle de la scène Futur beat. » C’est une demande de Grems qui a tout débloqué. « Il voulait un son très précis. Je lui ai fait une instru boom-bap avec que des vinyles… Finalement, il ne l’a pas gardée, Pumpkin a adoré et s’en est emparée. » Ainsi est né le titre Chimiq, véritable bouffée d’air pour les amateurs de hip-hop à l’ancienne à l’heure où règnent cloud rap (PNL), trap (Kaaris) et urban pop (Jul) . « J’ai repris plaisir à digger  dans mes disques », précise Vin’S, « à m’en acheter des nouveaux, trouver des petits arrangements comme il faut, bosser sur des vinyles, etc. C’est clairement la direction que j’ai prise pour la suite. »

2 – Parce que Pumpkin sort les meilleurs textes du moment

A l’image de Science friction, titre d’abord pensé pour la compilation Contre coups orchestrée par Madame rap. Certainement le texte le plus abouti de la rappeuse qui ne cesse d’affiner son écriture au fil des albums. On la savait plus qu’efficace en matière d’allitération, de précision dans le choix des mots et des métaphores. Avec ce nouvel EP, Pumpkin franchit un cap supplémentaire. Science friction traite des violences faites aux femmes avec une détermination et une justesse rare. Un titre féministe pleinement assumé, puissant.


A lire aussi : l’analyse de texte de Science friction par Genius


Le titre Chimiq est plus personnel. « Je voulais raconter notre histoire sans le faire réellement. Chimiq est bourré de références autobiographiques. Des détails, presque rien, des attentions dans la relation amoureuse à travers lesquelles tout le monde peut se projeter… Car dans le fond, on cherche tous à être aimé. On ne se l’avoue pas forcément mais on cherche la reconnaissance, l’amour. En général, on est vraiment très con parce qu’on s’y prend très très mal. On ne se donne pas forcément les moyens de faire des efforts, des sacrifices. » A travers ce texte, Pumpkin réussit le passage de l’individuel au collectif et s’offre pour la peine un clip à poil avec son mec signé Pilou Guetta et Hugo Sobelman.

3- Parce que leur engagement au local est réel

Le couple s’est installé à Nantes en octobre 2015. A ce déménagement correspond un état d’esprit, une volonté de retrouver cet océan aux bords duquel la rappeuse d’origine brestoise a grandi, mais aussi de quitter la capitale et ses exigences financières incompatibles avec le cheminement artistique du duo. Cet état d’esprit, on le retrouve dans leur musique aujourd’hui, plus lumineuse, plus légère parfois. Pumpkin et Vin’S avaient déjà une histoire avec Nantes : des collaborations avec 20syl, des vidéos marquantes réalisées par Mathieu le Dude (Dasswassup) ou Simon Bonneau (Chivteam), une participation à HIP OPsession en 2014 qui leur a fait rencontrer toute la clique de Pick up Production, association organisatrice du festival.

Depuis, Pumpkin et Vin’S sont présents sur le terrain. Ils enchaînent les ateliers d’écriture rap, de beatmaking, animent une émission chez nos confrères de la radio Prun’, le Mentalow Music Show, et ne sont jamais très loin lorsque des copains se produisent dans le coin. « C’est toujours un peu relou de faire des généralités », note Pumpkin, « mais j’ai l’impression que Nantes, c’est un bon compromis entre Paris et Brest. Une grande ville très dynamique où il se passe plein de choses. Tous les gens qu’on connaît ici font partie d’une asso, organisent  un truc, sont toujours dans une dynamique super intéressante. Et en même temps, il y a ce truc cool de la province avec un rythme et une taille à échelle humaine. »

4 – Parce que désormais, ils pensent d’abord à la scène

Trois années se sont écoulées depuis leur passage au Ferrailleur à Nantes en première partie de le New-Yorkaise Dynasty. Trois années durant lesquelles l’énergie scénique est devenue un critère primordial. « On a capté comment construire un bon live », assure Vin’S da Cuero, « comment s’amuser sur scène… Aujourd’hui, on pense systématiquement à la scène quand on fait un morceau. Ça joue beaucoup sur l’intensité du live. » « C’est devenu un vrai critère mais ça nous empêche pas de faire des trucs un peu deep», ponctue Pumpkin. « Science friction, on l’a fait pour la première fois en concert à Quimper en janvier, ça a super bien marché. » Rien à ajouter si ce n’est : démonstration au QG du festival HIP OPsession le 1er mars.

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Pumpkin-VinS-da-Cuero-4-©-Bastien-Burger

Bastien Burger

5 – Parce que des légendes valident leur travail

Pumpkin et Vin’S da Cuero ont toujours eu le sens des collaborations pertinentes pour leurs albums comme pour leurs projets annexes. Jay Prince, Boog Brown, Rita J., Dynasty, Mr. J. Medeiros font partie des MCs présents sur Peinture Fraîche.  Côté son aussi, les collaborations sont nombreuses avec 20syl, Blanka ou Supafuh, pour ne citer qu’eux… Le dernier opus du duo est dans cette lignée. On note la présence du multi-instrumentiste Bastien Brurger (The Dø, Matthieu Chedid…) avec qui l’aventure pourrait bien se prolonger.  L’EP propose aussi trois remixes de Chimiq (Scratch Bandits Crew), Placebo (Neue Grafik) et Science friction (Tagi).


A voir aussi :
le clip de La Mer à boire feat. Jay Prince
la vidéo live session urbex feat. Rita J
le clip de Bye bye Madeleine feat. Mr. J. Medeiros


Et puis deux artistes issus du mythique Saian Supa Crew viennent compléter cette potion magique : Sly Johnson et Vicelow. Le premier pour du beatboxing sur Science Friction, le second en feat avec Sarah Gessler sur Placebo. « J’écoutais le Saian avant de dormir quand j’avais 13 piges », se marre Vin’S, « c’est une très grande référence pour nous. » Mais pas question pour autant de se figer dans la posture du fan : « Vicelow et Sly, on les connaît depuis plusieurs années. Ce ne sont pas des feat arrangés par une maison de disques. On est vachement chanceux de connaître, d’échanger, de collaborer avec des gens comme ça qui sont des légendes dans le milieu. » Pumpkin et Vin’S ne cachent pas leur fierté tout comme le jour où un certain MC Solaar les a félicités pour leur reprise de Nouveau western. Une marque de reconnaissance pour leur travail 100% indé, leur parcours et leur label Mentalow Music.

On laisse le mot de la fin à Pumpkin : « Le travail en indé, c’est parfois dur, c’est des larmes, des envies d’arrêter… Notre démarche, notre création de label, certains prennent ça pour de l’arrogance, mais nous on avance. Aujourd’hui, on a atteint une forme de sérénité dans notre travail.  Il y a plein de trucs encourageants, on se sent sur une pente ascendante, on prend de plus en plus de plaisir à ce qu’on fait et ça donne la niaque ! »

Delphine Vaute, l'illustration pas très sage

Le hip-hop est vivant !

Un temps journaliste, roule aujourd'hui pour l'Information Jeunesse... Enseigne à droite, à gauche. Membre du CA de Fragil. #Medias #EMI #hiphop #jazz et plein d'autres #

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017