12 août 2016

Plus vite, plus haut, plus fort

Plus vite, plus haut, plus fort

12 Août 2016

A Fragil, on n’est pas super fans des sondages. Mais en ce moment, il y en a un qui retient notre attention. Selon Datafolha, 50 % des Brésiliens rejettent la tenue des JO de Rio. 63% estiment que les Jeux auront des conséquences néfastes pour leur pays. Les JO ont de plus en plus de mal à trouver une légitimité sociétale malgré les milliards dépensés pour assurer le show. Derrière le maquillage, le Brésil craque de partout et ça ne leurre personne. D’autres exemples récents restent gravés dans les esprits. On pense au scandale écologique de Sotchi en 2014. On se remémore les infrastructures démesurées d’Athènes en 2004, aujourd’hui à l’abandon, qui ont fortement contribué à tuer l’économie du pays.

La dimension humaniste – déjà critiquable du temps de Pierre de Coubertin – a définitivement cédé le pas au business, à la recherche de performances au-delà même des possibilités du corps humain. S’ajoute à cela l’indécence de certains médias dont les enjeux financiers sont eux aussi énormes. Alors on n’hésite pas à diffuser et rediffuser indéfiniment les images de la jambe cassée à l’équerre de Samir Aït Saïd. A montrer ce même gymnaste en béquilles à l’hôpital quelques jours après, annonçant qu’il remet son corps en jeu en 2020. « Plus vite, plus haut, plus fort ». Au regard de la société d’aujourd’hui, la devise des JO n’a définitivement plus aucune limite.

Pierre-Adrien Roux
édito – 12 août 2016

Médias sans médaille

Hilldale

Hilldale, retour vers le futur de l'indie-pop

Un temps journaliste, roule aujourd'hui pour l'Information Jeunesse... Enseigne à droite, à gauche. Membre du CA de Fragil. #Medias #EMI #hiphop #jazz et plein d'autres #

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017