• La façade du Mékano à Rezé
14 octobre 2016

Le Mékano joue sa mécanique affable by Eskat & Korsé

Prenez un shaker. Remplissez-le d'un tiers de coworking et de deux tiers d’artistes. Ajoutez-y l’idée novatrice d’une famille. Saupoudrez le tout de partage. N’oubliez pas une pincée de convivialité. Mélangez. Vous obtenez un cocktail détonant : Le Mékano ! Situé au 7 rue Leschaud à Rezé, cet espace de coworking artistique a ouvert ses portes en décembre 2015. Après quelques mois d’activité, les talents s’y succèdent, à l’image d’Eskat et Korsé dont l’exposition « La mécanique affable » se déroule jusqu’au 29 octobre prochain.

Le Mékano joue sa mécanique affable by Eskat & Korsé

14 Oct 2016

Prenez un shaker. Remplissez-le d'un tiers de coworking et de deux tiers d’artistes. Ajoutez-y l’idée novatrice d’une famille. Saupoudrez le tout de partage. N’oubliez pas une pincée de convivialité. Mélangez. Vous obtenez un cocktail détonant : Le Mékano ! Situé au 7 rue Leschaud à Rezé, cet espace de coworking artistique a ouvert ses portes en décembre 2015. Après quelques mois d’activité, les talents s’y succèdent, à l’image d’Eskat et Korsé dont l’exposition « La mécanique affable » se déroule jusqu’au 29 octobre prochain.

Quand on entend le nom Mékano, une première pensée vient à l’esprit : le patronyme familier donné aux mécaniciens des garages automobiles. On se doute alors que derrière cette expression se cache une histoire faite de cambouis, cardans, jantes et autres boulons…ou presque. Si ce hangar des années 60 abritait une collection de voitures, les propriétaires actuels, les frères Hervé et Franck Moinel, y accueillent désormais des châssis bien différents. Place à la modernité made in 2016 où ,cinquante ans après, se dessine un espace de coworking artistique. Mais la nostalgie n’est jamais très loin. En témoignent établis, charpentes métalliques ainsi que le graff signé Eskat, sur la façade du bâtiment. Le Mékano s’y dresse en grand, en souvenir du passé.

A l'intérieur du Mékano
Au Mékano, le style indus se mêle à l'empreinte artistique.

Antoine Galtier

Du coworking version Mékano : quesaco ?

Concept venu des État-Unis, le coworking regroupe deux notions : un espace qui s’articule autour de plusieurs bureaux, bureaux partagés par un réseau de travailleurs indépendants. Le but : encourager l’échange et la complémentarité dans un principe d’économie collaborative. La touche Le Mékano ? S’ouvrir aux artistes et uniquement aux artistes : sculpteurs, graffeurs, peintres, costumières, plasticiens… Telle une galerie d’art des temps modernes, bien loin des classiques espaces froids et guindés.

La costumière du Mékano
Un des espaces de coworking du Mékano, occupé par une costumière.

Antoine Galtier

Pour les rejoindre, un seul critère : passer le test du baromètre Franck Moinel. « Je dis oui aux passionnés. À ces artistes gonflés d’humanité et imprégnés de leur art, prêts à le partager ». Le message est clair, seul un bon book ne suffit pas. Le postulat de base, « pour que la mayonnaise prenne, est de trouver des personnages complémentaires dans leur pratique, des êtres ouverts aux autres. De ce mélange jaillit une identité, l’âme des lieux ». Un leitmotiv simple : privilégier la qualité plutôt que la quantité, pour mieux s’inscrire comme une référence dans le milieu select de l’art. Ainsi, « tu as un projet artistique, tu viens au Mékano et on te met en relation avec l’artiste qu’il te faut ». Aujourd’hui, 17 artistes cohabitent sur place. « Le bail est d’un an, mais ça reste à la carte. Tu peux occuper un atelier un mois, trois mois… Je cherche à ce que Le Mékano soit sans cesse en mutation » confirme Franck Moinel. Un lieu où, en quelque sorte, les arts s’emboîtent comme une mécanique bien huilée perpétuellement en mouvement. 

 

De ce mélange jaillit une identité, l’âme des lieux Franck Moinel
Portrait de Franck Moinel du Mékano
Franck Moinel, l'un des co-fondateurs du Mékano.

Antoine Galtier

La mécanique affable ou les contradictions humoristiques de deux artistes

Parmi l’écurie du Mékano, deux poulains : Eskat et Korsé. Ce duo présente toiles, sculptures en carton, dessins…sur le thème La mécanique affable. « Mécanique », d’accord, mais « affable » ? Littéralement : « qui accueille aimablement les gens ». Un titre antinomique pour le moins intrigant…Quand certains mettent en opposition machines et nature, froideur et chaleur, animosité et bienveillance, eux, les associent. Ce sont près d’une quarantaine de créations alternant graffs, couleurs vives, volumes et crayonnés qui s’exposent sur les murs du Mékano.

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Antoine Galtier

« À quoi on carbure ? Aux boutades et aux galéjades ! » Tout s’explique. Chaque œuvre est un savant mélange de poésie et d’humour. L’exemple des urbanimaux de Korsé en dit long. « Dans cette série, la nature prend le pas sur l’industrie ». Un de ses premiers tableaux, La Tort’urbaine, retranscrit cet état d’esprit. Plus qu’une maison sur son dos, la tortue transporte ici tout un village. Pourquoi tient-elle une canne à pêche dans sa gueule ? Pour aller à la pêche aux idées bien sûr ! Dans la foulée de son inspiration animalière, Korsé a affublé certains de ses dessins de noms improbables comme Chienpanzéléphant ou Hibouledogue. Un résultat étrange, effrayant ? Non ! « Mes bestioles se veulent robustes et rassurantes ». Quoiqu’on en dise, une chose est sûre, ces bestioles prêtent à sourire, tout comme la complicité indéniable du duo. 

 

À quoi on carbure ? Aux boutades et aux galéjades ! Eskat & Korsé

Eskat et Korsé : un duo co-plémentaire

Si Eskat signifie esquinté, Korsé est « le verlan non fatigant » de Sekor. Si Eskat est graphiste de formation, Korsé « est fait pour avoir les doigts sales ». S’il arrive à Eskat de préparer certaines ébauches sur écran, Korsé croque sans cesse sur des carnets de voyage. Ce qui les rapproche indépendamment de partager un espace au Mékano ? Tous les deux autodidactes, ils ont appris à regarder, à observer leur environnement « en vraies bonnes éponges ». Une pratique qui les rend complémentaires. « Nous avons chacun nos propres lacunes. On essaye de les entre-combler, d’en discuter entre nous ». C’est ainsi qu’ils avancent, ensemble. Il aura fallu une exposition d’Eskat pour que Korsé « en bon curieux », fasse sa connaissance. De leur rencontre est née un duo. De ce duo, plus qu’une collaboration, une histoire artistique qui s’écrit aujourd’hui à quatre mains. Quant à deux mains qui sait…

Expressions et médias : les étudiants prennent la parole

La création de Julien Grosvalet La Première Vague, présentée lors du spectacle Plateau H à Onyx.

La folle rentrée 2016 : coups de cœur de la rédaction / Spectacles

Pour Stéphanie, écrire, c'est transmettre une information, c'est soumettre un point de vue, c'est partager une émotion, c'est mettre en avant l'implication de chacun aussi infime qu'elle soit. Son Dada ? L’art au sens large et plus particulièrement l’effervescence du Nouveau Réalisme.

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017