2 décembre 2016

Hindi Zahra, terre de contrastes

La chanteuse franco-marocaine était en concert au Théâtre municipal de Rezé dans le cadre de la programmation de La Soufflerie mercredi 23 novembre 2016. L'occasion de constater l'excellente trajectoire empruntée par l'artiste depuis son « Beautiful Tango ». 

Hindi Zahra, terre de contrastes

02 Déc 2016

La chanteuse franco-marocaine était en concert au Théâtre municipal de Rezé dans le cadre de la programmation de La Soufflerie mercredi 23 novembre 2016. L'occasion de constater l'excellente trajectoire empruntée par l'artiste depuis son « Beautiful Tango ». 

Une musique hybride. Un pont entre cultures. Un voyage entre Orient et Occident… A trop évoquer le métissage musical de l’œuvre d’Hindi Zahra, on risque d’aligner les clichés. Et surtout on risque de passer à côté de l’essentiel : la cohérence d’une musique qui, malgré la diversité de ses influences, garde les pieds bien ancrés dans le sol. Hindi Zahra nous présente le monde en musique. Elle ne va pas calquer tel ou tel style. Elle nous offre ses rêves empreints de voyages, les sons qui ont bercé sa jeunesse, la terre marocaine comme base de tous les possibles.

De Handmade à Homeland, ses deux albums (respectivement Prix Constantin 2010 et Victoire de la musique 2016), Hindi Zahra nous promène dans un tango hypnotique. On s’évade entre soul, jazz, blues, reggae, folk, musique traditionnelle gnaouie, répertoire égyptien ou cap-verdien… On évolue entre anglais, français, berbère, dajira… On se laisse emporter par cette voix soul capable de suspendre le temps et de libérer des forces telluriques insoupçonnées. Et puis on s’oublie. On se dit qu’on n’est finalement moins en train de voyager que bien installé au chaud chez Hindi Zahra. Dans une médina close qui renferme des richesses infinies et qui reste ouverte sur le ciel pour permettre les plus belles échappées.

Nina Simone, Miriam Makeba, Cesaria Evora…

Ces dernières années, Hindi Zahra a musclé son répertoire par des voyages du côté de Cuba, l’Andalousie, la Jordanie, l’Égypte, l’Italie. Une foule d’influences qui viennent se fracasser contre les piliers, le socle de ses premiers amours musicaux : Nina Simone, Miriam Makeba, Cesaria Evora, la soul, la musique brésilienne… Une terre de contrastes façonnée par le ressac d’influences plus ou moins prononcées.

Hindi Zahra survole cette concentration de talents dans une progression d’intensité régulière. Beauté statuaire, elle finit brûlante et tournoyante en fin de concert

Sur scène, on identifie rapidement ses influences aux multiples talents qui entourent la chanteuse. On savoure les impros jazz de David Dupuis (trompette, bugle, clavier) les rythmes sud-américains de Ze Luis Nascimento (percussions), l’énergie rock du bassiste Jeff Hallam (compère de Dominique A), la maîtrise tout en puissance des deux guitaristes Benoît Medrykowski et Paul Salvagnac, sans oublier le talentueux Raphaël Seguinier à la batterie.

Hindi Zahra, elle, survole cette concentration de talents aux CV incroyables dans une progression d’intensité régulière. Beauté statuaire, elle finit brûlante et tournoyante en fin de concert. Le public redemande un rappel. C’est alors qu’elle revient tout en douceur, fredonnant une évidence qui sonne fièrement, après deux heures passées sous le signe du métissage en des temps où cette notion est battue en brèche. Une phrase. Sept mots. Une certitude. « Let’s stay together and feel all right ». Message reçu.

René Magritte, La trahison des images, 1929, © Photothèque R. Magritte / Banque d'Images, Adagp, Paris, 2016

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Un temps journaliste, roule aujourd'hui pour l'Information Jeunesse... Enseigne à droite, à gauche. Membre du CA de Fragil. #Medias #EMI #hiphop #jazz et plein d'autres #

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017