15 juillet 2016

Europ’Raid : trois bourlingueurs à travers l’Europe

Trois jeunes âgés de 18 ans décident de parcourir l'Europe grâce à l'association Europ'Raid. Cet été, ils traverseront une vingtaine de pays avec leur Peugeot 205. Fragil a rencontré deux des membres de l'équipage Solida'roots participant à cette aventure à la fois humanitaire, culturelle et sportive.

Europ’Raid : trois bourlingueurs à travers l’Europe

15 Juil 2016

Trois jeunes âgés de 18 ans décident de parcourir l'Europe grâce à l'association Europ'Raid. Cet été, ils traverseront une vingtaine de pays avec leur Peugeot 205. Fragil a rencontré deux des membres de l'équipage Solida'roots participant à cette aventure à la fois humanitaire, culturelle et sportive.

Il y a 2 ans s’élançaient pour la première fois à travers l’Europe les équipages de l’association d’Europ’Raid : c’était le 1er août 2014. Au départ de la Roche-sur-Yon ou de Blain, le principe est de voyager dans 20 pays européens, et de parcourir ainsi 10 000 km grâce à une Peugeot 205 en seulement 23 jours ! Aujourd’hui, 70 équipages se préparent pour la troisième édition qui aura lieu du 30 juillet au 21 août 2016. Parmi eux, l’équipage Solida’Roots. Leur histoire a débuté lors d’une rétrospective de l’édition 2015 organisée par Europ’Raid. Le hasard a réuni à l’occasion de cette soirée Benjamin Martineau, Margaux Tesson  et Flavie Guilloteau, trois jeunes originaires de la Roche-sur-Yon. Sur un coup de tête, ces trois amis ont décidé de se lancer dans l’aventure…et ils sont (presque) prêts !

Europ’Raid, c’est avant tout un projet humanitaire. Sept tonnes de matériel scolaire ont été réunis (stylos, cahiers, cartables). Cette année, chaque équipage disposera de 100 kg à repartir dans deux ou trois écoles. « Nous allons distribuer notre matériel dans 4 pays principaux : l’Albanie, la Bulgarie, le Monténégro et la Roumanie, où le besoin se fait le plus sentir », nous expliquent Benjamin et Flavie. Un projet d’aide, mais aussi de découverte culturelle. Lors de ce périple, les équipages auront l’opportunité de découvrir les cultures locales par les relations qu’ils pourront tisser au fur et à mesure du parcours. Mais aussi la culture reconnue mondialement en visitant 30 sites de l’UNESCO. Musées, sites naturels, historiques… Un projet qui se veut aussi sportif car les équipages, pour atteindre ces objectifs humanitaires et culturels, devront rouler 6 heures par jour et atteindre le point d’arrivée qu’ils se seront fixés chaque matin. Ce qui implique une gestion de l’itinéraire et du temps.

Le nom Solida'Roots porte le sens du projet : retrouvons nos racines solidaires et cette Humanité que la société a tendance à oublier.

Il était une fois Solida’roots

L’origine de l’équipage ? Des intérêts communs avant tout ! Ils sont tous les trois motivés par le côté humanitaire qui permet de « donner un sens à ce voyage et de renforcer les liens de solidarité qui sont primordiaux pour le futur » affirment Benjamin et Margaux. Mais pas que ! Flavie rajoute l’intérêt qu’elle porte à la découverte de « la culture européenne au fil des étapes ». Ces trois étudiants font preuve d’une grande motivation pour les trois aspects du projet et mettent ainsi leur énergie au service de l’organisation de ce plan solidaire.

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L'équipage Solida'Roots composé de Flavie, Benjamin et Margaux.
L'équipage Solida'Roots composé de Flavie, Benjamin et Margaux.

RCG Ouest

D’ailleurs pourquoi avoir choisi « Solida’roots » comme nom d’équipage ? « On ne l’a pas trouvé tout de suite, on a fait une réunion tous les trois pour chercher un nom mais… ça n’a pas porté ses fruits et c’est en cherchant chacun de notre côté que nous avons trouvé Solida’roots ! » avoue Flavie. Solida’roots pour faire référence à la fois à la solidarité et à la notion de « racine » (« roots » en anglais). Ce nom porte le sens du projet : retrouvons nos racines solidaires et cette Humanité que la société a tendance à oublier. Une solidarité aux multiples facettes ! Celle des personnes qui soutiennent le projet (sponsors, partenaires…) et celle des équipages envers les populations européennes qu’ils rencontreront.

Pour mener à bien ce projet il a fallu faire preuve d’une grande organisation interne : « On a du se répartir les tâches », confient Benjamin et Flavie. Chacun s’est mobilisé dans les domaines qui les stimulaient le plus : Benjamin à la préparation de la voiture ; Flavie à la communication (création d’événements, publicité sur le net) ; et Margaux au niveau de l’administration, du sponsoring et de la trésorerie. Cette répartition s’est faite naturellement dans le but de gagner en efficacité et d’assurer le bon déroulement du projet. Un travail d’équipe qui leur a permis d’apprendre des valeurs telles que la communication, l’écoute, l’entraide, et le sens des responsabilités, nécessaires à la réussite d’un projet commun. Mais parfois le travail d’équipe peut mettre les nerfs à rude épreuve et implique de trouver des compromis et de revenir sur ses idées. Ce que Flavie et Benjamin expliquent : « Un projet d’équipe nous remet en questions sur nous-mêmes, sur nos façons de faire ou de voir les choses… Cela permet d’apprendre à mieux se connaître aussi. ».

Un projet d'équipe nous remet en question sur nous-mêmes, sur nos façons de faire ou de voir les choses... Cela permet d'apprendre à mieux se connaître aussi. Benjamin et Flavie

Bien entendu, on n’entreprend pas un tel périple les mains dans les poches ! Solida’roots nous confient comment ils se sont préparés en amont de ce périple. Il est indispensable d’assurer le voyage au niveau économique : il va falloir manger, faire le plein d’essence… Pour cela Benjamin, Flavie et Margaux ont mis en place différentes actions pour récolter l’argent nécessaire. La majorité des ressources viennent des sponsors : « Nos familles ont fait marcher le réseau et du coup ça nous a aidés à trouver plus facilement des sponsors ! » avoue Flavie. Grâce à ces démarches ils ont réussi à obtenir le soutien de Peugeot (forcément lorsqu’on roule en 205!), PRB et bien d’autres. Mais ce n’est pas tout ! Les Solida’roots veulent préparer ce périple au mieux et font preuve d’une grande motivation. Benjamin le prouve : « J’ai réussi à trouver des jobs durant l’année donc ça m’a permis de gagner un peu d’argent pour financer le projet ! ». Flavie ajoute tout de suite : « Pour assurer un maximum notre budget, on continue de collecter de l’argent jusqu’au 30 juillet, le jour du départ. ». Ces trois aventuriers ont aussi organisé des événements comme des concerts afin de récolter des fonds. Et qui dit Solida’Roots, dit forcément solidarité ! Ils ont fait appel aux savoir-faire de divers experts (imprimeur, garagiste…) qui, à leur manière, ont contribué à l’aventure en permettant aux jeunes de conduire une voiture apte à parcourir l’Europe ou de produire des flyers pour diffuser leur projet. Un projet comme celui-ci est forcément un enrichissement pour la vie affirment deux d’entre eux : « Cela nous a permis de rentrer dans la vie active, d’apprendre à être autonome et d’avoir des responsabilités comme créer un compte ou déclarer l’association à la Préfecture ! En plus, on a maintenant des contacts avec les banquiers et le garagiste, on s’est créé notre propre réseau de relations ! ». Une manière pour les adolescents de devenir adultes ! Il y a forcément eu une certaine appréhension de la part des parents vis-à-vis d’un tel projet. « Au début, ils n’y croyaient pas, ils avaient un peu peur quand même… », racontent Flavie et Benjamin. Mais visiblement l’équipage a su les rassurer et les impliquer dans le projet : « Du moment qu’on assume, ils sont contents et fiers de nous ! », affirme Benjamin. Les Solida’roots comptent bien donner des nouvelles à leur famille, leurs amis, mais également à leurs sponsors durant ce voyage.

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Europ'Raid, c'est un périple culturel, sportif et humanitaire à travers l'Europe en Peugeot 205.
Europ'Raid, c'est un périple culturel, sportif et humanitaire à travers l'Europe en Peugeot 205.

RCG Ouest

Ils partiront et auront beaucoup de souvenirs

Une grande part du projet se base sur le relationnel. Pour qu’un tel projet fonctionne, la coopération et l’entretien des relations entre les équipages est inévitable ! Europ’Raid, c’est 70 équipages dont 30 dans l’Ouest et 200 personnes partageant le même état d’esprit. L’optique des Solida’roots est « d’essayer d’être amis avec tout le monde, d’apprendre leur histoire et leur vision des choses. ». Mais ils nuancent… « Sur 200 personnes, il y aura forcément des groupes ! ». C’est pourquoi Europ’Raid insiste beaucoup sur les relations en amont, notamment par le biais de soirées, pour créer une bonne cohésion de groupe ! Mais ce n’est pas tout… Tisser des liens avec les populations est inévitable car le soir, c’est dans leur commune qu’ils dormiront. Comment les Solida’roots appréhendent-ils ces rencontres ? Pour Benjamin, le plus dur reste la barrière de la langue avec les enfants européens… Mais Flavie le rassure tout de suite : « Même s’ils ne parlent pas notre langue, il y aura toujours les gestes, et puis ils se sont préparés de leur côté aussi ! ».

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Un travail d'équipe qui leur a permis d'apprendre des valeurs telles que la communication, l'écoute, l'entraide, et le sens des responsabilités, nécessaires à la réussite d'un projet commun..
Un travail d'équipe qui leur a permis d'apprendre des valeurs telles que la communication, l'écoute, l'entraide, et le sens des responsabilités, nécessaires à la réussite d'un projet commun..

RCG Ouest

Découvrir la culture locale les rapprochera donc un peu plus de la réalité des conditions et des modes de vie de la population. Ils devront s’adapter aux coutumes de chacun. Mais il ne faut pas oublier que c’est aussi une découverte de la culture connue et reconnue. « Il y a des chances que l’on ne découvre que le patrimoine, enfin que ce qui est beau et pas vraiment la vraie vie, mis à part le soir. », selon Benjamin. Les équipages ont en effet leur liste des 30 sites du patrimoine de l’UNESCO à visiter. L’équipage des Solida’roots s’est déjà organisé : « On adaptera les visites à tous pour que chacun fasse ce qui lui plaît vraiment », admet Benjamin. A écouter les trois bourlingueurs, c’est un projet qui permet de s’enrichir quelque soit la taille de la communauté : qu’elle prenne la forme d’un équipage de trois personnes comme de la communauté-monde.

Cela nous a permis de rentrer dans la vie active, d'apprendre à être autonome et d'avoir des responsabilités Benjamin et Flavie

Un projet aussi enrichissant ne peut que marquer la vie personnelle de Benjamin, Flavie et Margaux…Benjamin et Flavie sont confiants concernant leur retour : « Au début, on aura sûrement le cafard et peut-être même que l’on va s’ennuyer… Mais on aura tellement envie de raconter tout ce qu’on aura vécu ! ». Raconter leur expérience personnelle d’Europ’Raid aidera sûrement les futurs équipages. Mais ils pensent aussi au décalage que cela va créer : « Quand on va revenir, on va être surpris du décalage des modes de vie… On va revenir dans notre vie de riches. ». C’est donc selon eux une chance incroyable de partir découvrir l’Europe et d’aider, une occasion de leur « remettre les pieds sur terre ».

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L'itinéraire des équipages Europ'Raid pour l'édition 2016.
L'itinéraire des équipages Europ'Raid pour l'édition 2016.

Europ'Raid

Le voyage n’est même pas encore entamé qu’ils sont persuadés de réitérer un tel projet. «Que ce soit ensemble ou séparés, je referai un projet, pas forcément avec Europ’Raid, mais en tout cas dans le même état d’esprit », explique Benjamin. Quant à Flavie, elle pense à ce que cette expérience pourra lui apporter dans son projet professionnel futur : « Une telle expérience dans un CV, c’est vraiment bien, et puis cela va m’apprendre une certaine ouverture d’esprit qui m’aidera dans mon travail plus tard : je veux devenir institutrice. ». Flavie se voit déjà dans l’aventure : « Ce seront de bons moments ! ». Fragil n’a plus qu’à leur souhaiter une bonne fin de préparation et un bon voyage. En espérant qu’ils reviennent avec plein de bons moments à nous raconter…


Pour suivre l’aventure des Solida’roots sur Facebook, suivez ce lien.

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Exceptionnel mois de juin

Partage et plaisir

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017