• Affiche chronographe
10 février 2017

Le Chronographe : la machine à rattraper le temps

C’est en janvier 2017 que le Chronographe, centre d'interprétation du site gallo-romain de Saint-Lupien, à Rezé, a finalement ouvert ses portes aux visiteurs. Et cela valait la peine d’attendre plus de 2000 ans.

Le Chronographe : la machine à rattraper le temps

10 Fév 2017

C’est en janvier 2017 que le Chronographe, centre d'interprétation du site gallo-romain de Saint-Lupien, à Rezé, a finalement ouvert ses portes aux visiteurs. Et cela valait la peine d’attendre plus de 2000 ans.

C’est sous le nom de Chronographe – instrument d’horlogerie permettant de mesurer des intervalles de temps – qu’a été inauguré le centre d’interprétation archéologique de Saint-Lupien, à Rezé. Après plus de dix ans de fouilles, l’ouverture prévue initialement pour les Journées du Patrimoine en septembre dernier, a finalement eu lieu les 28 et 29 janvier 2017. A cette occasion, plus de 3500 visiteurs ont remonté leur montre jusqu’aux premières heures du port de Ratiatum, ancêtre de l’actuelle Rezé .

La navigation dans le temps fait surgir de nouveaux sens

Nous découvrons au rez-de-chaussée l’exposition permanente : l’histoire de la ville romaine de Ratiatum (l’ancien nom de Rezé) et son port gallo-romain, entre le 1er et le 3ème siècle, disparu aujourd’hui sous l’effet de l’urbanisation. Les films d’animation, des promenades en 3D et des tables numériques permettent de reconstituer la ville portuaire de Ratiatum mais également d’entrer dans l’intimité de la vie quotidienne de ses habitants.

Le Chronographe ne se contente pas de valoriser une collection, il donne aux visiteurs les clefs pour saisir l'histoire du site

Le Chronographe ne se contente pas de valoriser une collection, il donne aux visiteurs les clefs pour saisir l’histoire du site. Plus qu’un musée, il est un « centre d’interprétation », mettant à disposition des outils de médiation pour pouvoir décrypter les recherches archéologiques. Des fonds sonores décrivant les chantiers de fouilles interpellent le visiteur. Au fil de l’exposition, nous découvrons le travail et la méthodologie des archéologues, puis, à notre tour, nous pouvons faire parler les vestiges au moyen de jeux sensibles ou numériques. La visite dans ce lieu ludique et interactif sollicite tous nos sens, à l’image d’un jeu olfactif où le visiteur doit reconnaître des aliments échangés à Ratiatum ou d’une boîte à toucher.

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Le chronographe
Expérimenter l'archéologie en se mettant à la place d'un archéologue

Emily Cruz

Les objets issus des fouilles étant protégés sous des vitrines, les visiteurs petits et grands sont invités à éveiller leurs sens en touchant les nombreux fac-similés. C’est ainsi que l’on se glisse dans la peau de certains spécialistes de l’archéologie, devenant le temps d’un instant céramologue, archéozoologue ou xylologue, et identifiant grâce au toucher un fragment de bois ou de pierre, observant des insectes ou des graines pour reconstituer l’environnement de l’époque. Qui sait ? En présentant les différentes branches de l’archéologie, le Chronographe pourrait même créer des vocations !

Une architecture qui repense le temps et l’espace

Les architectes, Jérôme Berranger et Stéphanie Vincent, ont conçu deux volumes sobres se complétant : l’un évoquant une cabane en bois, l’autre évoquant un échafaudage, dressé vers le ciel. Créé sur le site des fouilles de Saint-Lupien, ce bâtiment au nom énigmatique et poétique offre de multiples possibilités d’observation et d’interprétation qui sont révélatrices de la volonté du Chronographe de laisser carte blanche aux projections du visiteur. Ce centre de 800m² se compose de trois niveaux avec des ouvertures sur l’extérieur, nous offrant diverses perspectives sur le jardin archéologique, la Chapelle Saint-Lupien ou encore la Maison Radieuse. Il est également possible de prolonger l’exposition en déambulant sur le site archéologique comportant la Chapelle Saint-Lupien ainsi que des vestiges qui s’étendent sur près de 2 hectares. Le dialogue avec la topographie s’accentue en montant en haut du belvédère qui nous offre non seulement une vue imprenable sur le site mais aussi sur Nantes, sa Tour Bretagne et l’usine Béghin Say.

Un lieu atypique qui n’a pas fini de faire parler de lui

Curieux, les visiteurs attendent nombreux sur la passerelle du Chronographe, impatients d’entreprendre un voyage dans le temps de plus de 2000 ans. L’engouement n’est pas près de s’arrêter : en effet, le Chronographe a vocation à relayer l’actualité archéologique de la métropole en adaptant ses expositions temporaires, ainsi que les propositions des ateliers ou des apéro-conférences, amenées à évoluer au fur et à mesure des résultats de la recherche, présentant ainsi les vestiges du passé de façon attractive et originale.

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Le chronographe

Emily Cruz


Les 11 et 12 février, de 14 à 18h, le Chronographe accueillera des danseurs de l’école municipale de musique et de danse pour le spectacle Les Architecturales, Lieux en mouvement qui propose de présenter l’architecture grâce au corps en mouvement.
Les visites sont gratuites jusqu’au 26 février.

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Beaucoup de musique, plein de concerts, des voyages, du sarcasme, des chats et surtout des gifs animés

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017