6 octobre 2017

Les Belles Histoires de la cité nantaise…

Cela résonne comme un air de BD oubliée ! Semblant faire écho aux belles Histoires de l’Oncle Paul - Vous souvenez-vous de ces planches de BD historiques qui berçaient les Spirous des années 50 ? Le 9ème art fait peau neuve et s’amuse aujourd’hui à revisiter l’Histoire des villes. A l’instar de ses ancêtres belges, la collection Petit à Petit sort le premier tome de "L’histoire de Nantes en BD" ce vendredi 6 octobre. C’est une manière originale de découvrir Nantes et son passé, ainsi que des pans de son histoire méconnus. Ce premier tome permet de découvrir l’histoire de Nantes en partant de l’Antiquité (l’An 21) jusqu’aux prémices du 15ème siècle.

Les Belles Histoires de la cité nantaise…

06 Oct 2017

Cela résonne comme un air de BD oubliée ! Semblant faire écho aux belles Histoires de l’Oncle Paul - Vous souvenez-vous de ces planches de BD historiques qui berçaient les Spirous des années 50 ? Le 9ème art fait peau neuve et s’amuse aujourd’hui à revisiter l’Histoire des villes. A l’instar de ses ancêtres belges, la collection Petit à Petit sort le premier tome de "L’histoire de Nantes en BD" ce vendredi 6 octobre. C’est une manière originale de découvrir Nantes et son passé, ainsi que des pans de son histoire méconnus. Ce premier tome permet de découvrir l’histoire de Nantes en partant de l’Antiquité (l’An 21) jusqu’aux prémices du 15ème siècle.

Fragil a rencontré Karine Parquet, journaliste indépendante nantaise et scénariste de l’Histoire de Nantes en BD. C’est au Bar Restaurant La Tonnelle près du Pont Saint Mihiel qu’a eu lieu notre rencontre. Sur le modèle des autres docus BD publiés aux éditions Petit à Petit, la journaliste nous livre ici son premier tome, fruit d’un travail minutieux avec les illustrateurs Emilien François, Kévin Bazot, Cédric Benoist et Sara Nativel.

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La couverture de Nantes en BD

Editions Petit à Petit

Fragil : D’où est venue l’idée de ce projet ? Pourquoi avoir choisi de retranscrire l’Histoire de Nantes en BD ?

Karine Parquet : L’idée est venue de la rencontre avec l’éditeur de la maison Petit à Petit. Il avait déjà débuté une collection autour des villes en BD avec les villes de Rouen et du Havre. On s’est rencontrés par le biais professionnel et quand il a vu que j’étais passionnée d’histoire et de BD (je suis journaliste et je me suis intéressée petit à petit à l’histoire en travaillant notamment pour Ça m’intéresse Histoire), il m’a fait découvrir  la collection qui existait déjà. Je me suis dit « c’est génial, c’est cela que je veux faire sur Nantes ! » A partir de là il m’a fait confiance pour créer cet album ! Je me suis occupée de toute la partie écrite (le scénario et toutes les pages documentaires). J’ai aussi supervisé l’ensemble du projet ! C’est moi qui suis allée chercher les dessinateurs. J’ai travaillé en lien aussi avec les maquettistes et je suis partie à la rencontre des divers acteurs de Nantes, notamment des archéologues du patrimoine de la ville de Nantes qui m’ont bien appuyé pour le montage de ce projet.

« L’idée était de choisir des moments de l’histoire de Nantes qui l’ont marquée durablement ou qui sont toujours ancrés dans la toponymie de la ville à l’heure actuelle. »

Fragil : Le passé de Nantes est riche en histoire, comment s’est passée la sélection des dates et événements clés ?

Karine Parquet : L’idée était de choisir des moments de l’histoire de Nantes qui l’ont marquée durablement ou qui sont toujours ancrés dans la toponymie de la ville à l’heure actuelle. Prenez par exemple l’évêque Saint Félix, il a fait beaucoup de choses pour la ville au 6ème siècle. Il est présent partout à Nantes aujourd’hui mais peu de personnes savent qui il est et ce qu’il a fait ! Cela me paraissait donc indispensable de parler de lui. C’est comme cela que j’ai fait mes choix. C’est une somme de travail assez conséquente ! Là j’y ai passé un an ! Cela demande entre autres de fouiller les archives, de se plonger à cœur perdu dans l’histoire de Nantes. J’ai tout relu, j’ai noté les événements marquants et j’ai essayé de voir ce qui pouvait aussi être raconté en bande dessinée !

« Cette collection cherche à questionner les lecteurs autour du passé de la ville. »

Fragil : En choisissant d’écrire une BD sur l’Histoire de Nantes pour la collection L’histoire dans l’Histoire des éditions Petit à Petit, j’imagine qu’il y a des règles à respecter ?

Karine Parquet : Le principe commun à chaque ouvrage est d’avoir un chapitre avec une période historique, des pages documentaires qui viennent compléter les planches et puis un petit fil rouge au sein de chaque histoire. Il permet de pouvoir lire la BD dans sa globalité même si on passe d’un siècle à l’autre à chaque fois (le fil rouge ici est l’amulette de paon). Il y a aussi un autre petit fil rouge que je laisse le soin aux curieux de découvrir par eux-mêmes. Après c’est aussi la ligne éditoriale qui est similaire. L’objectif étant d’avoir un rendu instructif et ludique pour tout public, passionné ou non d’histoire, originaire de la ville ou d’ailleurs… Cette collection cherche à questionner les lecteurs autour du passé de la ville, qu’on se dise : « Ah oui c’est vrai il y a eu une cité antique avant… », « Ah bon les vikings sont venus jusque ici… » !

« J’avais cependant très envie de travailler avec des dessinateurs locaux parce qu’ils connaissent déjà la ville et en sont imprégnés ! »

Fragil : Vous avez travaillé avec des jeunes de l’Ecole privée Pivault à Nantes, celle-ci a par ailleurs formé des grands noms de la bande dessinée (Riad Sattouf Les Cahiers d’Esther par exemple), et propose un cursus spécialement orienté bande dessiné, pourquoi avoir choisie des dessinateurs de cet institut ?

Karine Parquet : Je n’ai pas choisi de travailler avec des dessinateurs de l’école Pivault spécialement. C’est une coïncidence ! Cependant, j’avais très envie de travailler avec des dessinateurs locaux parce qu’ils connaissent déjà la ville et en sont imprégnés ! Je trouve que cela se ressent dans les dessins! Et puis, l’esprit de la maison d’édition est de mettre en avant des jeunes talents ! D’autre part, l’école Pivault propose un apprentissage axé autour du dessin réaliste. Pour ce type de BD, on cherchait justement une approche qui touche au plus près du réel. Le but étant de proposer une véritable reconstitution historique. En consultant divers blogs de dessinateurs, j’ai sélectionné par hasard des jeunes et il s’avérait qu’ils sortaient de la même promotion de l’école Pivault.

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Emilien François, Cédric Benoist et Sara Nativel en signature au Château des Ducs de Bretagne

Karine Parquet

Fragil : Vous évoquez le fait que cette BD puisse être un support pour découvrir la ville de Nantes, comment l’utiliser justement ?

Karine Parquet : Pour moi, le pari est gagné si les lecteurs se disent : « Tiens dans cette rue on voit le monument de la photo que j’ai vu dans la BD ! » ou alors « Tiens là c’est la plaque qui commémore Barbetorte et la libération de Nantes (Le Duc de Bretagne qui repousse les envahisseurs normands et libère la ville de Nantes au 10ème siècle) ». Je me dis c’est réussi aussi si cela donne envie aux lecteurs de faire des recherches supplémentaires !

« Je me dis c’est réussi aussi si cela donne envie aux lecteurs de faire des recherches supplémentaires ! »

Fragil : La ville de Paris publie aussi son premier tome aux éditions Petit à Petit « Le Guide de Paris en BD » (qui paraîtra à la fin du mois). Celui-ci propose une carte de la ville et des stations de métro, choses que l’on ne trouve pas dans L’Histoire de Nantes en BD… Pourquoi ne pas avoir envisagé d’en insérer ?

Karine Parquet : La BD qui sort sur Paris est complètement différente. J’ai aussi travaillé dessus ! On est 5 scénaristes et 30 dessinateurs à avoir travaillé sur ce gros projet ! L’idée a été de choisir 30 lieux de la capitale à mettre en avant. On rejoint notre ligne éditoriale sur le fait qu’on est toujours dans le genre docu BD : On va raconter une anecdote sur le lieu en 3 planches puis conclure par 2 pages de documentaires. Ce qui est différent ici c’est qu’on est plus proche du guide touristique. On y trouve les lieux à visiter dans le coin, les anecdotes insolites, le libraire sympa du coin… C’est pour cela qu’il y a un plan du métro, avec la station proche qui est indiquée ! On espère là aussi qu’on va développer cette collection, que celle-ci va s’agrandir par la suite !

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Planche de la BD Nantes

Editions Petit à Petit

Fragil : Un guide de Nantes en BD pourrait alors aussi s’envisager …

Karine parquet : Oui tout à fait ! Sachant que les deux sont différents, ils sont aussi complémentaires. Dans le guide, on part des lieux alors que dans l’Histoire de Nantes on commence par les faits historiques ! Dans la BD de l’histoire de Nantes je raconte l’histoire d’Argiotalus. Ce personnage de l’Histoire de Nantes n’a aujourd’hui aucune trace visible dans la ville et pourtant je lui consacre un chapitre. Dans un éventuel guide de Nantes, on pourrait l’évoquer à travers un petit encart, mais cela s’arrêterait là. Dans le guide, on parle de ce que l’on voit !

« Le but pour nous est d’utiliser ce média pour amener le grand public à s’intéresser de plus en plus aux objets historiques. »

Fragil : Quels sont les retours des villes qui ont déjà sorti leurs premiers tomes (comme Rouen qui a lancé son premier tome il y a deux ans) ?

Karine parquet : Cela a beaucoup plu ! Il y a eu un très bon accueil dans les deux villes (Rouen en est à son 3ème tome et le Havre à son 2ème). Les bandes dessinées ont été retirées plusieurs fois. Les gens semblent très demandeurs de ce style de BD. Je pense que ce qui plaît c’est que c’est instructif et ludique. Beaucoup de personnes présentent une appréhension face à un « gros bouquin d’histoire ». La bande dessinée elle propose une approche immédiate. L’image happe et on est tout de suite plongé dans l’histoire, c’est cela qui est magique ! Le but pour nous est d’utiliser ce média pour amener le grand public à s’intéresser de plus en plus aux objets historiques.

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PLANCHE-02
Planche de la BD Nantes

Editions Petit à Petit

Fragil : Et vous quand vous visitez une ville, qu’est ce que vous recherchez?

Karine Parquet : (Elle réfléchit) C’est difficile à dire. Cela dépend vraiment des villes et des attentes que je peux avoir ! En règle générale j’aime être surprise : découvrir un petit immeuble improbable au détour d’une rue coincé entre deux tours ultra récentes cela m’interroge. Comment a t-on réussi à préserver cela ? Pour moi les différences font le cachet d’une ville. Qu’est ce qui la fait battre et la rend si unique ? Dans chaque cité, il y a aussi une part d’émotionnel, de contacts humains. Pour moi, il faut des rencontres pour apprivoiser une ville ! On ne peut pas la connaître juste en passant ! En cela, La BD est très intéressante. On peut mettre les personnages en action, ce qui crée de la vie, une ambiance. Deux trois cases sont dessinées et ensuite l’imaginaire poursuit l l’histoire ! C’est d’ailleurs cela aussi que j’essaye de montrer à travers la BD : il y a eu une vie avant, des personnes y ont vécues et ont fait ce qu’elle est aujourd’hui !

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Karine Parquet en signature au Château des Ducs de Bretagne

Karine Parquet

Fragil : Nantes est une ville très appréciée des touristes étrangers, une adaptation en langues étrangères est-elle prévue ?

Karine Parquet : L’éditeur aimerait beaucoup traduire certains de ses ouvrages. D’ailleurs, on commence à faire des festivals de BD en Europe. Il y a sûrement certains ouvrages qui vont être amenés à voyager un peu… Mais pour l’heure, ce n’est pas un projet en cours.

« Il est vrai que cela répond à une véritable attente du public actuel : apprendre des choses à travers la BD. »

Fragil : Tout à l’heure vous nous parliez de l’Histoire de Nantes en tant que Docu BD, pouvez nous nous en dire un peu plus ? Est-ce le même genre que les BD reportages lancées dans la presse alternative des années 70/80 par Cabu et Jean Teulé (un genre auquel les BD Persépolis de Marjane Satrapi et Palestine de Joe Sacco s’apparentent) ?

Karine Parquet : On appelle docu BD un ouvrage qui présente une approche documentaire et historique. Cette mouvance dont vous parlez (Persépolis) c’est plus de la BD reportage, de la biographie On est plus dans l’émotion, la subjectivité. Nous, ce n’était pas du tout ce que l’on recherchait puisque notre but était de rester le plus objectif possible ! D’autre part, on n’est pas que sur du récit, puisqu’on intercale des pages documentaires en parallèle de la bande dessinée ! Pour moi ce n’est pas comparable du tout ! Par contre, il est vrai que cela répond à une véritable attente du public actuel : apprendre des choses à travers la BD. Quand on prend du recul, cela fait peu de temps finalement que la BD est entre les mains des adultes. C’est un art qui se transforme énormément en ce moment ! On propose quelque chose de nouveau, à mi chemin entre le « bouquin d’histoire » et la bande dessinée ! Aujourd’hui les journalistes ont tendance à parler de docu BD pour tout mais c’est comme le film documentaire au cinéma, il en existe plusieurs formes !

« Il y a eu forcément des émotions, des rencontres qui ont fait l’histoire de la ville, qui ont poussé les hommes à prendre des décisions ! »

Fragil : Qu’est ce qui vous a le plus surpris dans l’Histoire nantaise ?

Karine Parquet : Je dirais que ce qui m’a le plus amusé c’est d’apprendre que la ville a été désertée tout un moment ! Les élites l’ont délaissée. Nantes était une ville importante pendant l’Antiquité et tout à coup la vie a presque disparue ! Les vikings y ont bien contribué en la pillant et en dévastant la région (du VII aux Xème siècles) ! C’est grâce, entre autre à Barbetorte qu’elle a pu renaître de ses cendres par la suite! La ville aurait très bien pu restée dans l’oubli. Cela m’intrigue ! Justement, pourquoi Barbetorte a eu autant envie de reconquérir cette ville ? Pourquoi n’a-t-il pas choisi de reconstruire une autre cité un peu plus loin ? C’est cela qui est chouette dans l’histoire, il reste pleins de choses en suspens! Pleins de facteurs différents ont peut être relancé la ville, ce n’est pas juste Barbetorte ! Il y a eu forcément des émotions, des rencontres qui ont fait l’histoire de la ville, qui ont poussé les hommes à prendre des décisions !

« Pour moi les personnages féminins sont très importants. »

Fragil : En parlant des personnes qui font l’histoire de la ville justement… Si vous aviez la possibilité d’être un homme ou une femme de l’histoire de Nantes, qui auriez-vous aimé être ?

Karine Parquet : J’aime bien Aliénor d’Aquitaine. Il y a aussi Anne de Bretagne qui est un personnage exceptionnel ! Elle a une force en elle ! En plus elle a été deux fois reine de France… (Rires) D’ailleurs je cite les deux femmes qui ont été deux fois reines (ndlr: Aliénor d’Aquitaine a été Reine de France puis d’Angleterre) ! Pour moi les personnages féminins sont très importants. Une archéologue avec qui j’ai travaillé m’a dit qu’elle trouvait bien que je les mette en avant dans la BD, car on oublie que les femmes avaient un rôle clé à l’époque. Prenez la guerre des deux Jeanne je trouve cela génial. En lisant les écrits on a l’impression qu’elles s’attachent plus au pouvoir que leurs propres maris. Les historiens ont longtemps délaissé l’histoire des femmes. Quand j’ai écrit le scénario, pour moi il était important de remettre les femmes au cœur de l’histoire. Ne serait ce déjà que par le biais du fil rouge : l’amulette qui correspond à Junon la Déesse de la Fertilité. Avant la loi salique, l’héritage se passait via les femmes. Quand Anne de Bretagne reprend le Duché personne ne s’y oppose ! Avec notre vision actuelle on a tendance à oublier cela. De l’Antiquité au 15ème siècle, je pense que les femmes avaient une présence beaucoup plus importante que par la suite. Pour le tome 2 je penne un peu plus à trouver des personnages féminins. Puisque passées Anne et Claude, on arrive dans cette période où il y a eu une vraie régression de la place de la femme. On commence à en revenir un peu…

Fragil : Pouvez-vous nous dévoiler quelques bribes du tome 2 ?

Karine Parquet : Il y a beaucoup d’ouvrages qui sont sortis sur l’histoire de Nantes, surtout après le 15ème siècle. Dans le second tome, j’aimerais proposer l’anecdote en plus, celle que l’on ne connaît pas car cette période a été mainte fois traitée.  Il sera question de partir du 15ème siècle avec François 2, Anne de Bretagne et aller jusqu’à un peu avant la Révolution Française.

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Couverture du Tome 1 de la BD Nantes

Editions Petit à Petit

Retrouvez Karine Parquet et trois des dessinateurs ce samedi 7 octobre à la Mystérieuse Librairie de nantes de 15h à 19h.

Et samedi 14 octobre au Centre Culturel Leclerc Paridis de 15h à 18h en compagnie de 2 des dessinateurs.

BAM, le TU lance sa saison !

« Hommage à Metropolis » : le street art s’invite en centre-ville

Guide touristique de métier et amoureuse inconditionnelle des mots, Pauline aime raconter des histoires. Chaque paysage, chaque lieu, chaque rencontre est pour elle source d’inspiration. Aventurière dans l’âme, une autre passion l’anime et la suit en voyage… le dessin ! Tel l’inséparable compagnon, son carnet de croquis vit au travers de ses aventures…

L'édito

Touche pas à mon info !

L’investigation vit-elle ses derniers mois sur l’audiovisuel public en France ? Contraints par une réduction budgétaire de 50 millions d’euros en 2018 par rapport au contrat d’objectifs et de moyens conclu avec l’ancien gouvernement, les magazines « Envoyé Spécial » et « Complément d’enquête » verront leurs effectifs drastiquement diminués et une réduction du temps de diffusion au point de ne plus pouvoir assurer correctement leur mission d’information. Depuis l’annonce, les soutiens s’accumulent, notamment sur Twitter avec le hashtag #Touchepasàmoninfo, pour tenter de peser sur les décisions de Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, déjà visée par une motion de défiance. L’association Fragil, défenseur d’une information indépendante et sociétale, se joint à ce mouvement de soutien.

Après la directive adoptée par le Parlement européen portant sur le secret des affaires en avril 2016, il s’agit d’un nouveau coup porté à l’investigation journalistique en France. Scandales de la dépakine, du levothyrox, du coton ouzbek (pour ne citer qu’eux), reportages en France ou à l’étranger sur des théâtres de guerre, à la découverte de cultures et de civilisations sont autant de sujets considérés d’utilité publique. Cela prend du temps et cela coûte évidemment de l’argent. Mais il s’agit bien d’éveiller les consciences, de susciter l’interrogation, l’émerveillement, l’étonnement ou l’indignation. Sortir des carcans d’une société de consommation en portant la contradiction, faire la lumière sur des pratiques, des actes que des citoyens pensaient impensables mais bien réels. Telle est « la première priorité du service public », comme le considère Yannick Letranchant, directeur de l’information.

En conclusion, nous ne pouvions passer à côté d’une citation d’Albert Londres ô combien au goût du jour, prix éponyme que des journalistes d' »Envoyé Spécial » ont déjà remporté : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »


Valentin Gaborieau – Décembre 2017